BLACKFOOT: Southern Native (2016- Loud and Proud)

Ce disque va sans doute faire parler un peu de lui mais pas forcément dans le bon sens. Je dis « un peu » car cette galette sent le superficiel et l’anecdotique à plein nez. Certes, les musiciens connaissent leur boulot et n’ont pas des pinces de crabes à la place des mains. De plus, cet album bénéficie d’une production soignée, d’un gros son et des conseils avisés de Rickey Medlocke qui surveille de près l’évolution musicale de son dernier jouet en date. Cependant, après l’avoir écouté, on ne peut que constater l’étendue des dégâts. Quelques titres se perdent dans les méandres d’un hard rock banal comme le speedé « Need my ride » ou « Southern native ». D’autres ne sont pas mauvais (« Every man », « Whiskey train », « Satisfied man » et son tempo médium). Malheureusement, la voix du guitariste-chanteur évoque plus la pop anglaise que le « Southern rock »… ou plutôt le rock tout court car cette œuvre semble vraiment éloignée du rock sudiste. On a quand même droit à une bonne reprise de « Ohio » (de Crosby, Stills, Nash and Young) et à la slide ravageuse de Mister Medlocke lui-même sur le rock pêchu « Love this town ». On termine sur un instrumental hispanisant (« Diablo loves guitar »), sans doute le meilleur morceau du disque. Une chronique sévère mais juste ! Bien sûr, la donne aurait été différente s’il s’agissait d’un groupe inconnu. Tiens, ils auraient dû intervertir le nom du band avec le titre de l’album. Southern Native, un nouveau combo originaire de Floride, vient de sortir un disque intitulé « Blackfoot » ! Là, ça aurait pu marcher. Mais, dans le cas présent, tout ça ne tient pas la comparaison avec le grand Blackfoot de la glorieuse époque. Mister Medlocke a vraiment eu une drôle d’idée en transformant cette entité mémorable en tribute band ou groupe franchisé (qu’il rejoint quelquefois sur scène quand il a le temps). Manquait-il de royalties ou bien voulait-il que son cher Blackfoot continue de faire parler de lui ? Ou peut-être que, tout simplement, ça l’amuse ? Pas nous, en tout cas !

Olivier Aubry